|
Peut-être que ces trois textes n’existent — modeste témoignage — que pour saluer la jeune Virginia Stephen. Elle qui traînée de force dans une soirée mondaine par un demi-frère équivoque qui voulait se faire « mousser » ( Girl is phallus ), déclarait benoîtement à un parterre d’inénarrables Ladies l’interrogeant sur son activité quotidienne ( jouez-vous de la musique, faites-vous du tricot ? ) qu’elle passait son temps à lire Platon : « Moi je lis Platon. Et vous-même, vous ne connaissez pas ? Comment peut-on vivre sans avoir lu Platon ? ». Car elle savait, la jeune Virginia, que la question philosophique dernière — tramée dans des systèmes de pensée d’une complexité inouïe — est bien celle-ci : qu’est-ce que vivre ? Qu’est-ce que vivre, non simplement dans le train du monde comme il va, mais aussi en exception à la platitude répétitive et oppressive des jours, quand vous transit l’éclair extatique d’une vision, ou que la certitude patiente d’un travail à venir vous saisit. Le long détour soustractif d’une pensée œuvrante, noué à la surrection extatique d’une contemplation, dans la traverse active et instruite du monde, tel aura été ce « quelque chose d’abstrait, dans les landes, dans le ciel », que Woolf disait chercher, dans le compagnonnage de Platon, Lucrèce, Shakespeare, Dante, et quelques autres. Ces trois conférences se seront essayées à en retrouver l’écho. Non pour « rationaliser la machine inhumaine » qui conduit notre incertain aujourd’hui, mais pour l’inciser de ce fragment que l’artiste de prose anglaise nous aura légué, à nous qui durons, toujours. |
|
|
|